mercredi 15 octobre 2014

DOLCY 2


10268628_646535125417401_2994333980891433657_n.jpgMon premier voyage en avion a été mouvementé , autant psychologiquement que physiquement . Aujourd'hui, bien des années après, je me souviens bien de mes peurs et surtout de l'inconfort qui m'a été imposé.L'avion était un Breguet 14, un « coucou » comme on dit maintenant.
De ma caisse heureusement percée de quelques trous qui me permettaient de respirer, je ne voyais rien d'autre que la toile de jute de sacs postaux. J'éprouvais un sentiment trouble . J'étais à la fois désireux de découvrir des horizons nouveaux et peiné de me séparer de mon Petit Prince . Et lui, comment vivait-il cette séparation ? Nous avions partagé tant d'émotions et de réflexions !
Je n'ai pas pu m'abandonner longtemps à mon état d'âme.
Le lancement du moteur,le cahotement de l'appareil sur le sable, l'accélération de plus en plus vive et le bruit infernal dans la carlingue m'ont vite ramené à la réalité. Ajoutez à cela , pendant la montée, le glissement de ma caisse et l'arrêt de la poussée du moteur pendant quelques instants qui m'ont paru une éternité, m'ont fait passer de l'état d'agneau guilleret à celui de bête prostrée.
Certaines images, certaines bribes de phrases prononcées la veille par Antoine me revenaient mais n'arrivaient pas à se fixer dans ma tête ... « L'inexplicable amour du vol...le spectacle éblouissant, fascinant... » Mais où allait-il chercher tout cela ? Pour dire de telles extravagances il ne  devait rien connaître de  la vie du désert rythmée par le pas des chameaux .
Oserait-il comparer le vrombissement insupportable du moteur au silence des grandes dunes ou même au blatèrement des dromadaires ? Il me décevait Antoine .
Pendant la cinquantaine d'heures que dura le vol ,gâché aussi par quelques escales marocaines qui mettaient mes oreilles au supplice, j'eus tout le temps de m'interroger sur cette folie qu'ont les hommes de vouloir aller vite, plus vite, encore plus vite .
Aller lentement empêche-t-il d'arriver là où l'on veut aller ?
J'en étais là de mes réflexions quand après avoir assez mal supporté quelques turbulences qui m'ont donné le mal de l'air, le Bréguet de la Compagnie Aéropostale s'est posé .
Un temps de chien, insupportable pour un mouton, froid, pluie et tempête ,obligea Antoine à entrer tout de suite dans un immense hangar.......                                              à suivre

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire