mardi 15 octobre 2013

AU CAFE LITTERAIRE DE LAMBERSART

bibliotheque-copie-1.jpgJ'ai assisté la semaine dernière à une partie de la réunion mensuelle du « Café littéraire » de Lambersart, au 210 rue de Lompret. Je pouvais m'attendre à rencontrer quelques bibliophiles introvertis ou quelques fanatiques s'exprimant en langage abscons. Pas du tout !
Animé par A.F Belaval, le groupe des babillards (un sablier est à portée de main de la présidente pour limiter la fougue oratoire de certains) , le groupe des babillards, dis-je,ne se prive pas de plaisanteries et même quelquefois de vacheries. Ce soir là, Amélie Nothomb a été rhabillée pour l'hiver par une adhérente .
Parle qui veut . Certains se contentent d'annoncer le plaisir qu'ils éprouvent à la lecture du roman qu'ils viennent à peine de commencer.
Mon voisin, Pierre Quivrin, 88 ans ,m'a soufflé à l'oreille son bonheur d'avoir été honoré par le groupe , au restaurant "la petite auberge", à l'occasion de son anniversaire, quelques jours avant la réunion . Jean François Zimmerman lui a lu une allocution pleine de finesse qui mérite que je vous livre :
« Il était une fois un auteur belge de bande dessinée qui avait fixé une fois pour toutes les limites convenables de départ à la retraite des lecteurs.Car lire est un métier . Autorisés dès l'âge de 7 ans à pratiquer cette activité,les lecteurs ne peuvent pas la poursuivre indéfiniment. L' âge légal de départ à la retraite des lecteurs a été fixé à 77 ans .Les yeux fatigués et larmoyants , les doigts noueux et noués par les millions de pages tournées justifient cette loi . Or le contrevenant qui se trouve céans sur le banc des accusés
lit en cachette depuis onze années.Je m'adresse directement au jury en faisant appel à son bon sens: peut-on laisser un lecteur de cet âge circuler, sans permis de lecture,entre les virgules ? Ne peut-on craindre qu'il provoque une faute de frappe en franchissant inconsidérément un point sans marquer un temps d'arrêt ? Ou encore , ne pas respecter le signal « danger », j'entends par là le point d'exclamation !? Et que diriez vous si vous le voyiez récupérer le chapeau de la cime tombé dans l'abîme pour s'en couvrir le chef ? Et s'il lui prenait la fantaisie de sauter un paragraphe , y avez-vous songé ? Ou de négliger un chapitre ? Ou pire, de courir à la dernière page, impatient de connaître la fin ? La faim, n'est-ce pas là le pire des maux ?
Mais le pire est justement à venir . Cet homme est prêt à tout pour rester soumis à son addiction : 7, 77, 88 , et pourquoi pas 99, car le bougre semble avoir bon pied bon œil . Levons nos verres et laissons la parole à la défonce
Original, n'est-ce-pas ?

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