dimanche 18 août 2013

L'ARTILLEUR PARLE...

impact avant poilu gros plan sur trou du poilu

Impact avant évalué entre 10 cm et 15 cm de diamètre. Les bords du trou sont orientés vers l'intérieur.
Impact arrière évalué entre 15 et 20 cm. Les bords ne sont pas nets et ils sont orientés vers l'extérieur

Ce n'est pas un petit obus de mortier qui a fait cet impact. Le mortier fait un tir plongeant et le trou arrière aurait été plus bas. De plus, normalement il n'y aurait plus de statue en tant que telle car sauf non explosion de l'engin pour défaut de munitions, les obus de mortier sont explosifs et non perforants.
Il s'agit ici d'un tir tendu qui a, très probablement été réalisé, de l'avenue Clémenceau vers l'avenue de Verdun d'où l'orientation des deux trous générés par l'impact. Il s'agit également d'une munition perforante, ou à charge creuse, non explosive.
Le tir a été fait à une hauteur importante (plus de 3 m) vu que la trajectoire est tendue et montante. En effet, le trou avant est plus bas que le trou arrière (bas du thorax et haut du thorax). De plus, nous observons le jour du trou arrière par le trou avant cela implique un tir tendu.
Fort de ces hypothèses, je pencherais pour un projectile antichar perforant ou à charge creuse, donc non explosive d'un calibre inférieur à 100mm, tiré de l'avenue de Georges Clémenceau à partir d'une certaine hauteur que j'évalue au minimum aux environs de 3m.
Regardons les munitions allemandes qui répondent à ces critères :
1) Le canon de 88 mm Flak a été utilisé dans un rôle antichar. Il a été monté sur des véhicules
panzer Rhinoceros
Le Panzerjager SdKfz Rhinocéros 470 Rhinocéros furent mis en service par l'Allemagne en novembre 1942 ; cet engin était en fait une combinaison du canon de 88mm PAK et du char Panzerkampfwagen IV. C'était une arme antichar autopropulsée efficace, mais du fait de sa hauteur et de la mauvaise protection de l'équipage de 4 hommes, il remporta peu de succès. Armé d'un canon antichar de 88mm, sa vitesse était de 40km/h sur route et 25 en tout terrain et son autonomie de 200km sur route et de 130km en tout terrain. Il pesait 25 tonnes.
Cela pourrait être ce genre d'engin compte tenu de la hauteur de tir. En effet, l'impact est situé à plus de 3m de hauteur mais la trajectoire présente une incidence assez prononcée. En effet l'écart entre l'entrée de l'obus et sa sortie peut être évalué entre 50cm et 1m environ. Ce qui laisse à penser que l'inclinaison du tube a quand même été relativement forte compte tenu de la faible distance qui sépare le ventre du Poilu à son épaule.
Les Allemands décidèrent aussi de faire tirer des projectiles à charge creuse
2) Le Panzerfaust fut l'une des armes antichars Allemande à usage unique les plus efficaces.
Produit en énormes quantités, le Panzerfaust utilisait une ogive à charge creuse propulsée par roquette, capable de percer en tir rapproché le blindage de la plupart des chars alliés. Sa portée était de 80m et pouvait perforer des blindages allant jusqu'à 200mm d'épaisseur, son poids lanceur et projectile était de 6,8kg.
La véritable révolution dans l'armement léger anti-char de l'infanterie fut le lance-roquettes inspiré du bazooka américain. Sous l'impulsion du colonel Dörnberger (spécialiste des V2) naquit le Raketenpanzerbüsche 54 connu également sous le nom de Panzerschreck (Terreur des chars) ou de Ofenrohr (Tuyau de poêle). Le modèle 54 tirait des projectiles de 77 mm alors qu'un deuxième modèle mettait (modèle 43) à feu des projectiles de 88 mm. Ce modèle fut cependant largement supplanté par une arme plus pratique et moins encombrante le petit lance-grenades à charge creuse dit Faustpatrone (cartouche de poing) plus connu sous le nom de Panzerfaust (poing anti-char). Son projectile était différent de la fusée du Panzerschreck et était simplement projetée vers sa cible grâce à l'éclatement d'une charge placée à l'arrière du tube de lancement. Quatre modèles de Panzerfaust furent produits: le Faustpatrone I avec une portée de 30 m, le Panzerfaust 30 (Gretchen ou Margot) plus léger mais avec la même portée, le Panzerfaust 60 qui permettait le tir à 30 m, 60 m et 80 m et le type 100 avec une portée de 150 m.Aux mains des combattants expérimentés ,ces armes causèrent de véritables ravages dans les chars alliés . Le Panzerfaustest est le nom d'un petit lance-grenades antichars sans recul à utilisation unique ,produit à partir de 1942 par la société allemande HASAG (Hugo Schneider AG (en)) de Leipzigafin de doter les soldats d'un moyen antichar individuel. Panzerfaustsignifie en allemand « poing à blindé ».
Le Panzerfaust 30 pouvait lancer un projectile à charge creuse percutéedont la portée utile ne dépassa tout d'abord guère 30 mètres dans sa version originelle. Le mot Klein(« petit ») fut ajouté car une nouvelle version, avec un projectile de plus gros calibre, lui succéda rapidement pour augmenter son pouvoir de perforation. Deux autres nouvelles versions furent créées à partir de 1944 : les Panzerfaust 60 et 100, capables d'atteindre un char à respectivement 60 et 100 mètres. L'armée allemande développa des modèles 150 et 250 pouvant être rechargés mais qui n'entrèrent jamais en service en raison de la fin de la guerre.
Cette arme fut très appréciée des soldats et redoutée des chars en raison de son faible encombrement (permettant à n'importe quel soldat de l'emporter en plus de son arme principale) et de sa capacité de pénétration des blindages de chars alliés. Mais son emploi était malaisé et dangereux car les organes de visée étaient réduits à leur plus simple expression alors même que le tireur devait veiller à se protéger des gaz brûlants produits lors du tir tout en se maintenant, non dissimulé ou protégé, à immédiate portée des armes ennemiesLes Panzerschreck (en allemand "la terreur du char") furent essentiellement employés contre les chars alliés dont ils réussirent à percer le blindage sans problème. Mais ils furent également utilisés pour percer des murs de maisons lors de combats de rues. La portée du Panzerschreckétait plus grande que celle du Panzerfaust, ce qui permettait de ne plus devoir se rapprocher à proximité immédiate du blindé ennemi pour pouvoir tirer. Une plus grande cadence de tir était également possible grâce au rechargement.
Il y a de fortes chances que ce soit un de ces engins qui a provoqué les trous dans notre poilu. Je pencherais pour un tir de Panzerfaust ou plus particulièrement d'un Panzerschreck. Le tir aurait pu être effectué à partir d'un véhicule situé dans l'avue Georges Clémenceau.
Il existe néanmoins encore d'autres possibilités avec les canons anti-char comme le Pack 38 et Pack 75
En effet, pour remplacer le 37mm, les allemands ont conçu un nouveau canon antichar qui tirait des charges creuses capables de percer 150 mm de blindage à 200 m Le 50mm Pak 38.
Ce 50 mm Pak 38 mettait à feu des obus perforants de type Panzergranät 40, disposant d'un cœur de tungstène. Ces projectiles seront les seuls produits à la fin de la guerre en raison de leur efficacité. il pouvait également mettre à feu des projectiles à charge creuse, Panzergranät 42 qui furent disponibles dès 1943. Ces projectiles pouvant percer jusqu'à 180 mm de blindage avaient cependant une portée utile de 100 m seulement. Il était tracté par des tracteurs semi-chenillés Sd.Kfz.10 ou plus souvent par des camions tous terrains.
Le 50 mm Pak 38 servit également de modèle au 50 mm KwK 42 L/60 (version pour blindés montée sur les derniers Panzers III et également sur l'automitrailleuse Puma), au canon antiaérien 50 mm Flak 214 et au canon aérien 50 mm BK5. Leplus courant de la Wehrmacht, il fût amélioré plusieurs fois et il fit place petit à petit au 75 mm Pak 40 mais ce deLe véhicule Puma Sd.Kfz. 234/2 de 1943 si caractéristique avec ses 8 roues et sa fine tourelle élancée. C'est durant la Seconde Guerre mondiale, que l’armée allemande utilisa une vaste gamme de blindés à deux, trois ou quatre essieux, fabriqués en Allemagne ou capturés à d’autres pays. Les premiers véhicules mis en service étaient des modèles réalisés à partir de châssis d’automobiles civiles et armés d’une mitrailleuse, mais les derniers furent des concepts sophistiqués et spécifiques à huit roues armés de divers types de canons
Puis Le développement de la série de Marder(Martre) débuta vers la fin de l’été 1941 et avait pour but d’augmenter le mobilité des canons anti-char (Pak) en les montant sur une variété de châssis disponibles. Il s’agissait d’une solution d’intérim en attendant la conception de chars équipés de canons antichars plus performants. Au départ, les Mardersutilisèrent les châssis de chars obsolètes ou capturés et furent armés avec les canons 75 mm Pak 40 (Rheinmetall-Borsig).
Le 75 mm Pak 40 Allemand pouvait pénétrer 116 mm de blindage à une distance de 1000 mètres. 2812Marders furent construits d’avril 1942 à mai 1944. Les Marders étaient vulnérables à cause de leurs hautes silhouettes 1,88m, de leurs faibles blindages et de leurs superstructures ouvertes mais bon nombres restèrent en service jusqu'à la fin de la guerre. Ils étaient équipés du canon 75mm Pak 40/1L/46 rnier ne put jamais le remplacer totalement et le canon antichar de 50 mm fut utilisé jusqu'à la fin de la guIls étaient équipés du canon 75mm Pak 40/1L/46
Je pense que l'utilsation des canon de Pak 38 et Pak 75 aurait provoqué des dégâts sur notre Poilu plus importants.
En conclusion
Je pencherais donc plutôt pour l'utilisation d'un Panzerfaust ou d'un Panzerschreckcapable de tirer une munition de gros calibre, perforante.
Cette arme aurait été utilisée à partir d'un véhicule à une hauteur d'environ 3m. En effet, cela expliquerait d'une part le trou relativement grand à l'impact (environ 10 cm à 15 cm), le trou encore plus important à l'arrière (15 cm à 30 cm) ainsi que les bavures du trou arrière qui n'existeraient pas si la munition étaient performante comme aujourd'hui : perforante et explosive et cela expliquerait également la hauteur de l'impact par rapport à la route.
Sans être affirmatif, j'espère avoir néanmoins répondu à tes attentes tout en regrettant de ne pouvoir faire mieux !
Amitiés Bernard
Commentaire du blogueur non artilleur :
Merci Bernard pour tes explications "désarmantes " de technicité ! Elles mettent presque un point final à ce feuilleton de l'été "Le secret du Poilu de Lambersart" . Parce que que 2 questions restent en suspens :
*l'homme qui a servi de modèle au gisant du carré militaire du cimetière de Canteleu est-il le même que le Poilu de la place de la Victoire ?
Nos historiens ne vont certainement pas abandonner leurs recherches . Je les connais.

* Et, deuxième question à laquelle B.Coffyn n'a pas répondu : Combien de temps a mis le fût du canon qui a touché notre Poilu pour se refroidir ?
Enfin,je vous fais une confidence : Je ne regarderai plus notre Poilu de la même façon. Longtemps j'ai cru que la mutilation de la statue était d'origine , qu'elle résultait de la volonté du sculpteur ...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire