jeudi 27 juin 2013

CINQ MINUTES AVEC ...JEAN TEPEA

jean-tepea-copie-2.jpgIl était heureux dans la plantation de 2000ha .
Tous les jours ,à cheval et en vrai gardian , il s'occupait de plusieurs centaines de bovins . C'était à Santo dans une de ces îles chaudes et humides des Nouvelles Hébrides( appelées Vanuatu depuis leur indépendance en 1980) où chacun vit plus du soleil, de la nature et de la solidarité que dans nos villes actives et polluées. Tout le monde l'appelait André, allez savoir pourquoi car son vrai prénom est Jean . André , c'était son grand-père . Bien qu'ayant appris à lire et à écrire à l'école du village ,tous les jours il soignait ses bovins,leur coupait les cornes, les castrait ou les vaccinait . La vie heureuse ? Peut être.
Mais un jour un gendarme l'attendit au retour au ranch . - C'est toi André Tepea ? -Oui . -Prépare tes affaires ,il faut me suivre ! Son patron à peine consulté, sa famille juste prévenue,Jean est emmené à l' aéroport de Port Vila la capitale où un autre gendarme le conduit à Nouméa ,au centre de recrutement de l'armée française . -Prends des vêtements chauds car tu vas là,lui dit le médecin militaire en pointant son doigt sur une carte murale .
Là ? C'était la BA 103 , la base aérienne de Cambrai . Rien à voir en effet avec le climat tropical !
Dans l'aviation il n'y a pas de chevaux à monter mais il faut surveiller les avions, les hangars et dépôts de munitions . Jean y effectue d'abord son service militaire légal puis "rempile" . L'armée le forme et l'affecte comme maitre -chien dans un commando pendant quelques années avant de le laisser partir pour une belle carrière dans la police municipale de Tourcoing ,et, depuis 13 ans dans celle de lambersart.
Ici les jeunes l'ont surnommé "le Chinois". Il sait se faire respecter, le Chinois. Parfois avec des méthodes surprenantes comme lorsqu'il a réussi à éloigner le perturbateur d'un quartier....en l'emmenant un jour dans son véhicule de police pour le déposer au fin fond de la campagne,dans un lieu éloigné de tous transports en commun ! Ne le répétez pas car c'est interdit bien sûr mais terriblement efficace.
Dans quelques jours le brigadier chef principal Jean Tépéa va retourner dans son île d'origine , mission accomplie et bien accomplie pour la République Française qu'il aime tant . Peut être retrouvera -t- il le gendarme qui était venu le "cueillir" à Santo parce que, comme beaucoup d'insulaires Il n'avait pas jugé bon de se faire recenser pour accomplir son service militaire . Mais c'était il y a 36 ans. Jean en a aujourd'hui 58 . Il n'est retourné qu'une fois au pays depuis son incorporation forcée.
L'histoire pourrait avoir une fin heureuse mais savez vous que, bien qu'il ait servi la France, l'administration lui refuse la nationalité française ? Oui, bien que né de père et de mère français, il ne peut le prouver car les registres de l'état civil ont été brûlés au cours des révoltes de l'indépendance...

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